À la suite de la parution d’une photo promotionnelle du camp FélinTensif, où l’on voit des participantes caresser un lynx (une des activités proposées durant le camp), nous avons reçu quelques messages de gens se sentant concernés par l’exploitation animale dans les zoos et sur le fait d’obliger les animaux à « subir » un contact avec les humains. Eh bien, laissez-moi vous expliquer à quoi le camp FélinTensif s’affaire et vous verrez que tout n’est pas que blanc ou noir.
SAYENNE, LA FEMELLE LYNX – C’EST ELLE QUI DÉCIDE
Avant d’aborder la question des zoos, réglons le cas de la photo. Il faut savoir que la petite Sayenne, la femelle lynx qui figure sur l’image, a été rescapée d’une usine à fourrure où elle était destinée à devenir un chapeau de poil ! C’est Jacinthe Bouchard, la propriétaire de Zoo Académie, où se tient le camp FélinTensif d’Éduchateur qui l’a sauvée. Jacinthe a socialisé Sayenne à un niveau incroyable !
Sur place, la procédure pour aller voir Sayenne est très stricte. On entre dans l’enclos en petits groupes de quatre ou cinq volontaires maximum, on s’assoit au centre et on attend. Personne ne peut se lever, prendre ou caresser Sayenne sauf si elle vient d’elle-même. La femelle lynx a donc le choix entre jouer seule ou avec des humains. La plupart du temps, elle choisit les gens. Sur la photo, Sayenne est venue volontairement sur les jambes des participantes. Pour elle, socialiser est enrichissant… et elle adore les caresses ! Cependant, il y a des moments où elle préfère rester en retrait (souvent quand il fait trop chaud) et sa décision est toujours respectée.
Si Sayenne devient un peu trop excitée ou que son jeu est particulièrement intense, on sort de l’enclos pour ne pas encourager ce comportement en présence des humains, comme on le ferait avec un chat domestique agissant de la sorte. D’ailleurs, un des objectifs du camp est justement d’avoir l’occasion de mettre en pratique les techniques apprises dans les cours et les ateliers.
La vocation de Zoo Académie est de former les gens à développer des méthodes pour améliorer les soins aux animaux sans anesthésie, sans stress ni contention. Lorsque vous aurez vu le bison de 600 kg venir lui-même se prodiguer ses propres injections (oui, oui, il se pique lui-même), vous en serez convaincus !
LES ZOOS — PARCE QU’ILS NE DISPARAÎTRONT PAS DEMAIN MATIN
Certains disent qu’il serait préférable de ne jamais avoir de contact et de ne jamais socialiser les animaux, pour ne pas les « dénaturer ». Encore une fois, je respecte cette façon de penser, mais personnellement, je crois que les animaux sont déjà dénaturés par leur présence dans les zoos. Toutefois, il ne faut pas oublier que plusieurs proviennent de sauvetages et qu’ils ne survivraient pas dans la nature. Les zoos jouent donc aussi un rôle au niveau de la protection et de la conservation des espèces menacées. En captivité, ces animaux doivent être approchés par des humains pour leurs soins vétérinaires et des milliers de gens circulent devant leurs enclos pour les observer chaque jour. Alors, pourquoi ne pas les socialiser aux humains et limiter leur stress ? Je ne dis pas d’en faire des animaux de cirque en leur faisant faire des trucs pour l’amusement du public (sauf si l’activité est enrichissante pour l’animal), mais simplement de faire en sorte qu’ils ne soient pas stressés en présence des humains et qu’on puisse leur prodiguer les soins nécessaires.
Tout comme moi, Jacinthe préfèrerait que les zoos n’existent pas et que les animaux soient tous en liberté. Mais les zoos existent et ce n’est pas demain la veille de leur disparition. Il y a donc deux lignes de pensée. La première est de ne jamais aller dans un zoo et de ne jamais en parler, pour ainsi espérer qu’ils disparaissent parce que les gens n’iront plus. Je respecte ceux qui adoptent cette ligne de pensée. Des gens de ma propre équipe m’ont d’ailleurs demandé d’être exemptés du camp FélinTensif à cause de leurs valeurs et je respecte entièrement leur choix. Personnellement, je préfère intégrer les zoos et utiliser mes connaissances pour éduquer les gens sur les bonnes pratiques. Si on ne peut pas les éliminer, aussi bien agir pour que les animaux y soient à leur aise.
Je suis certain que les 200 personnes qui ont déjà suivi le camp sont beaucoup plus sensibilisées au mieux-être des animaux en captivité, comme le deviennent les enfants qui visitent des zoos aux pratiques éthiques de soins, d’enrichissement des animaux et d’éducation. Le camp FélinTensif cherche d’ailleurs à tracer un parallèle entre les animaux évoluant dans des zoos et nos chats domestiques. En effet, ces derniers ne sont-ils pas également des animaux en captivité ? Certes, la domestication représente une différence importante si l’on compare les animaux de zoos et nos petits tigres de maison, mais de nombreux rapprochements sont dignes de mention. Que l’on soit responsable d’un chat domestique ou d’un lynx comme Sayenne, il est essentiel de comprendre les principes d’enrichissement, les techniques d’entraînement aux soins et le décodage du langage corporel, pour le bien-être des animaux avant tout.
Sensibiliser et éduquer, c’est à ça que le camp FélinTensif s’est toujours affairé.
Daniel Filion
Président, Éduchateur inc.