ATTENTION * CONTENU EN RÉVISION * ATTENTION
Cet article est en cours de révision quant au vocabulaire utilisé. Les conseils donnés peuvent être appliqués sans problème. Seules certaines notions très spécifiques doivent être revues sur l’ensemble du site, telles les territoires (nous parlons plutôt d’environnement), le marquage, les phéromones et autres concepts précis ayant récemment fait l’objet d’études.
Nous avons reçu de nombreuses questions par rapport au cas très médiatisé de Mme Doucet, cette dame de Saint-Eustache qui prend soin de 19 chats âgés et qui se voit obligée par sa ville de s’en débarrasser. Éduchateur n’a pas été consulté sur ce cas et nous n’en connaissons pas les détails. Nous allons donc couvrir la question de façon générale et seulement du point de vue comportemental à savoir s’il est possible que 19 chats puissent cohabiter et être heureux ensemble. Nous aborderons également le problème de surpopulation féline qui s’y rattache et qui nous tient à cœur.
Le chat est un animal social ET un « chasseur solitaire ». Il n’a donc pas besoin d’être avec d’autres chats et il préférera normalement vivre seul. Cela répond donc à la question : « Est-ce que je devrais adopter un autre chat pour ne pas que mon chat s’ennuie ». La réponse est non, car tout comme il y a des gens avec qui nous devenons amis et d’autres qui nous « tapent sur les nerfs », il en va de même pour les chats. La compatibilité de caractère entre les chats n’est pas garantie. Donc, on n’adopte pas un chat pour cette raison.
Néanmoins, des colonies de chats se forment dans la nature de façon spontanée et des dizaines de chats peuvent volontairement s’associer lorsque les ressources sont en quantités suffisantes. Il est donc possible pour le chat de vivre avec plusieurs autres chats, qu’il soit parfaitement heureux et que la situation soit même bénéfique pour chaque individu. Cela ne veut pas dire que ce modèle se transpose aisément lorsque les chats sont confinés dans un espace restreint comme une maison. Il faut que cet espace soit adapté à la cohabitation de plusieurs chats. Le nombre de surfaces en hauteur, d’endroits où se cacher, la division des pièces, le nombre de points de ressources (litières, bols de nourriture, etc.) sont des aspects très importants. Dans une maison normale, aménagée avec un minimum de choses pour les chats (bon nombre de litières, arbre à chat, bols interactifs), notre expérience démontre que les problèmes de cohabitation entre chats débutent souvent lorsque l’on introduit le 4e ou 5e chat et les problèmes prennent de l’ampleur de façon exponentielle à chaque chat supplémentaire. Voilà pourquoi Éduchateur conseille de ne pas dépasser 4 à 5 chats dans une maison.
Ceci dit, dans le cas de cette dame de Saint-Eustache qui a 19 chats, comme dans le cas de plusieurs refuges, il y a plusieurs facteurs à prendre en considération. Premièrement, il faut déterminer si ces chats sont gagnants à demeurer chez cette dame qui les a stérilisés plutôt que vivre à l’extérieur, dans son quartier, à contribuer à la surpopulation féline et à affronter les dangers dans ce quartier. La compatibilité des individus joue également un très grand rôle. Selon nos informations, les chats ici sont tous très âgés et semblent cohabiter ensemble depuis très longtemps. Il nous faudrait aller visiter la dame, voir l’enrichissement de milieu et évaluer chaque chat pour voir si ce groupe en forme un homogène, mais si c’est le cas, ces 19 chats pourraient très bien vivre ensemble et être heureux. Par la suite, il faut déterminer la capacité de cette dame à prendre soin d’autant de chats tant du point de vue financier qu’en termes de temps à investir. Nous connaissons des passionnés des animaux qui y parviennent, mais il faut aussi dire que ceux qui y parviennent sans reproche et dont les chats n’en souffrent pas sont excessivement rares.
Finalement, obtenir un permis du MAPAQ pour posséder autant de chats (qui inclut toutes les normes de santé à respecter), voir l’endroit faire l’objet d’inspections régulièrement et se conformer aux règlements municipaux dans le respect du voisinage sont autant de critères à considérer. Il faut savoir qu’obtenir un permis du MAPAQ n’est pas une mince affaire alors si une personne y parvient, c’est probablement qu’elle respecte les points mentionnés ci-dessus.
Éduchateur est d’avis que les municipalités ont un très grand rôle à jouer sur le contrôle de surpopulation féline. Ce sont leurs citoyens qui sont la cause du problème. Très peu de municipalités prennent le temps de bien s’informer et s’intéresser à ce problème grandissant. Il est de notre avis que si une municipalité trouve, à l’intérieur de leurs citoyens, des gens qui ont la volonté et la capacité financière de contribuer à régler ce problème et qu’ils le font dans les règles établies par le MAPAQ, qu’ils ne présentent aucun symptôme de diogène (hoarding) et qu’ils s’assurent que les chats vivent dans un environnement enrichi et adéquat, alors ces municipalités devraient travailler avec eux plutôt que de gaspiller de l’argent en poursuites, argent qui serait beaucoup mieux investi sur le vrai problème : celui de stériliser les chats errants et mettre fin au problème à la source.
Daniel Filion
Président, Éduchateur inc. – Intervenants en comportement félin.