Vocalises, coups de pattes, poursuites à travers la maison… Partager son quotidien avec des chats qui se bagarrent est stressant pour toute la famille. D’autant plus qu’il n’est pas toujours facile d’y voir clair. Vos chats sont-ils simplement en train de jouer? Se détestent-ils réellement?
Loin d’être banales, les altercations entre chats sont la deuxième cause de consultations chez Éduchateur, après les cas d’éliminations inappropriées (pipis et selles hors litières). Si vous êtes témoins de conflits entre vos chats, la règle d’or est de contacter rapidement votre équipe vétérinaire, car un problème médical pourrait être à l’origine des comportements observés. C’est d’ailleurs le cas pour toutes les problématiques comportementales : elles peuvent être le signe d’un souci de santé sous-jacent.
Une fois rassurés sur la bonne santé de vos félins, votre responsabilité est de réagir adéquatement pour prévenir les blessures et le mal-être chez vos petits poilus. Ainsi, les services d’intervenants en comportement félin s’avèrent souvent nécessaires pour bien analyser et gérer les altercations. Cela dit, voici quelques informations et astuces pour mieux comprendre ces fameuses escarmouches moustachues!
Comment savoir si mes deux chats s’entendent bien?
La biologie sociale du chat domestique est étonnante! Ce dernier a principalement évolué comme un animal solitaire. Toutefois, lorsque les ressources sont abondantes, les chats peuvent se rassembler et se tolérer les uns les autres. Ils peuvent même développer des liens « amicaux » avec leurs congénères. C’est donc dire que la socialité des chats est plutôt flexible!
Pour y voir un peu plus clair et mieux qualifier la relation qui unit vos chats, soyez attentifs aux comportements sociaux qu’ils manifestent lorsqu’ils interagissent. Notez que les listes qui suivent ne sont pas exhaustives, mais elles dressent un portrait général des comportements communs qu’expriment des chats qui cohabitent.
Pour commencer, on reconnaît assez facilement les signes de bonne entente entre deux congénères « amis ». En voici quelques exemples :
- ils dorment ensemble serrés l’un sur l’autre;
- ils se toilettent mutuellement;
- ils marchent côte à côte;
- ils se frottent l’un sur l’autre lorsqu’ils se croisent;
- ils lèvent la queue lorsqu’ils se voient;
- ils jouent ensemble et partagent des jouets.
Cela dit, tous les chats ne s’apprécient pas et il est plutôt fréquent que deux congénères qui vivent ensemble se tolèrent tout au plus. On repère ce type de relation par les comportements suivants :
- ils dorment parfois dans la même aire de repos, mais sans contact physique;
- ils se toilettent rarement l’un l’autre;
- ils détournent le regard lorsqu’ils se voient ou se croisent;
- ils ne s’évitent pas complètement, mais ne recherchent pas la présence de l’autre non plus.
Puis, il arrive que l’on soit témoin de la tension entre deux chats. Au quotidien, les comportements de mésentente que l’on observe incluent ceux-ci :
- ils ne dorment pas dans la même aire de repos;
- ils s’évitent;
- ils se fixent du regard lorsqu’ils sont en présence de l’un l’autre;
- ils feulent (crachent) lorsqu’ils se rencontrent;
- ils bloquent l’accès aux ressources;
- des altercations et des poursuites sont fréquentes;
- un des chats mange, dort ou utilise le bac de litière seulement quand l’autre chat n’est pas là.
Soyez aussi attentifs aux signes de stress des chats lorsqu’ils interagissent : toilettage soudain et de courte durée, lèchement du museau, clignements des yeux, etc. Tous ces comportements typiques peuvent être exprimés par un seul chat ou par les deux. Dans un cas comme dans l’autre, ils suggèrent une cohabitation difficile. Heureusement, quand les chats ne s’entendent pas, il y a des solutions.
Mon chaton attaque mon autre chat : est-ce du jeu?
Pas toujours facile de distinguer le jeu de l’altercation! Dans un contexte ludique, les chats vocalisent généralement peu, ils prennent de courtes pauses, ils rétractent leurs griffes et inhibent les morsures. Qui plus est, des chats qui jouent se poursuivent l’un l’autre avec une inversion régulière des rôles. En d’autres mots, le pourchasseur devient pourchassé… et rebelote! Une fois le jeu terminé, les chats se côtoient calmement.
Quand une véritable altercation se présente, le portrait est bien différent. Les griffes sont sorties et des morsures peuvent survenir. Il y a donc des risques de blessures. Les vocalises sont aussi courantes : feulements, grognements ou même hurlements ponctuent les combats. En outre, les chats prennent peu de pauses et leurs mouvements sont souvent plus rapides. Dans le cas des poursuites, c’est toujours le même chat qui pourchasse l’autre pendant que ce dernier tente de fuir. Lorsque l’altercation se termine, le climat de mésentente se maintient de façon plus ou moins prononcée.
Pour vous aider à distinguer le jeu du conflit, connaître le langage corporel des chats est incontournable. Souvenez-vous qu’un chat est heureux s’il a la queue dans les airs en forme de point d’interrogation et les oreilles droites. À l’inverse, s’il est recroquevillé sur lui-même et que ses oreilles pointent vers l’arrière ou sont rabaissées sur sa tête, il est effrayé. Il faut alors lui venir en aide. (Pour savoir comment réagir, consultez la section à cet effet, au bas de la page.)
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Notez aussi qu’il n’est pas rare de voir des poils revoler lors des altercations entre chats. Cependant, il ne faut pas en déduire que les chats se sont mutuellement arraché des touffes de poils. Lors de conflits et même parfois lors de séances de jeu, il arrive que les chats aient le poil hérissé. C’est ce qu’on appelle la piloérection. Dans ces situations, les poils se détachent facilement du corps de l’animal. Ainsi, les poils qui revolent ne sont pas forcément synonyme d’une grave altercation. On observe ce phénomène dans des conflits d’intensité variable, mais aussi, dans certains cas, lorsque les chats jouent. Il faut donc recueillir d’autres informations sur le langage corporel des protagonistes pour bien analyser les interactions entre les chats.
Distinguer le jeu du conflit est loin d’être évident. D’autant plus que, dans certains cas, un chat veut jouer sans le consentement de son partenaire apeuré. Dans d’autres cas, ce qui a commencé comme un jeu tourne au vinaigre et se termine en combat. Pour démêler tout ça, n’hésitez pas à communiquer avec nous. Il nous fera plaisir d’analyser votre situation particulière. Et au besoin, nous vous aiderons à calmer le jeu!
Des stratégies simples pour éviter les tensions entre chats
Toute cohabitation saine est tributaire d’un milieu de vie adéquat. Or, les chats ne défendent pas un « territoire » physique de manière stricte, mais se départagent plutôt les ressources en fonction de leurs intérêts et de leurs motivations. Ainsi, l’établissement d’une routine paisible est grandement facilitée lorsque les ressources sont abondantes. On évite ainsi les conflits associés à leur acquisition.
Il est donc recommandé d’installer des zones de repos confortables, de l’eau et de la nourriture à plusieurs endroits différents dans le domaine vital des chats. Il faut aussi prévoir une litière de plus que le nombre de chats dans la maison. Ces ressources doivent être placées dans des lieux ouverts, calmes et régulièrement fréquentés par les chats.
De plus, enrichir l’environnement avec des arbres à chats et des passages en hauteur permet de répondre à leurs besoins biologiques en rendant leur milieu de vie plus intéressant. Quel est le rapport avec les conflits? Il y en a deux, en fait.
Premièrement, naviguer dans un milieu de vie « tridimensionnel » grâce à des arbres à chats, des meubles ou des passerelles en hauteur permet aux chats de s’éviter les uns les autres plus facilement. S’ils peuvent s’abstenir de se croiser, les risques d’altercations diminuent. Deuxièmement, il est essentiel qu’un chat domestique puisse grimper, sauter et observer l’environnement à partir d’un promontoire en hauteur. Lorsqu’un animal se sent stimulé, se bagarrer avec son congénère n’est plus l’unique option de divertissement!
C’est pour cette même raison que l’on suggère d’offrir la nourriture des chats dans des bols interactifs. Quand il faut fournir un effort pour trouver et obtenir sa nourriture, il reste moins de temps pour s’adonner à des activités conflictuelles.
Une dernière note concernant la cohabitation saine : si vous vous apprêtez à accueillir un nouveau chat et que vous vivez déjà avec au moins un félin, une introduction graduelle est de mise. La clé du succès lorsque l’on introduit des chats l’un à l’autre est de procéder étape par étape avec douceur et patience. On met alors toutes les chances de notre côté pour favoriser une bonne entente durable entre nos chats.
Comment éviter les déclencheurs de bagarres entre chats
Certaines situations délicates de la vie quotidienne peuvent être à l’origine de conflits entre chats. Voici comment mieux les prévenir.
Il arrive que des altercations se manifestent lorsqu’un chat revient d’une visite dans un centre de toilettage ou dans une clinique vétérinaire. Par exemple, ces comportements peuvent survenir si le chat résident ne reconnaît pas son congénère affublé d’une nouvelle mise en plis ou d’une coupe lion! Il est également possible qu’un chat qui a subi le stress du déplacement et des soins professionnels ait besoin d’un petit moment de repos en solitaire. Quoi qu’il en soit, c’est toujours une bonne idée de confiner le chat qui revient à la maison dans une pièce avec tout ce dont il a besoin (eau, nourriture, bac de litière) durant quelques heures. Au moment de laisser les chats interagir, leur offrir des friandises ou un repas particulièrement apprécié contribue aux bonnes dispositions des chats. Comme quoi un ventre plein peut mener loin!
Lorsque deux chats cohabitent à nouveau après une séparation prolongée, il est recommandé d’appliquer étape par étape le protocole d’introduction progressive.
Si, malgré toutes vos précautions, la relation entre vos chats demeure tendue, il est préférable de consulter Éduchateur pour obtenir des conseils adaptés à votre contexte personnel. Des conseils généraux approximatifs peuvent s’avérer inefficaces ou même nuisibles s’ils sont appliqués de manière inadéquate. Alors n’hésitez jamais à nous contacter!
Comment réagir lorsque deux chats se battent?
Les chats qui cohabitent doivent, dans une certaine mesure, trouver par eux-mêmes des stratégies pour gérer leurs propres conflits. Il n’est donc pas nécessaire d’intervenir si les chats ne montrent pas de signes de stress ou si leur langage corporel suggère qu’ils jouent. Il faut toutefois s’assurer qu’aucun des chats ne risque d’être blessé ou incommodé par le jeu.
Cependant, il peut arriver d’être témoin d’une altercation qui dégénère et nécessite une intervention. C’est le cas si :
- un chat risque d’être blessé en conséquence des morsures ou des griffades;
- un chat démontre des signes de stress ou de souffrance (il est recroquevillé sur lui-même, il est souillé d’urine ou d’excréments, il est acculé dans un coin, etc.);
- la querelle prend la forme d’un « roulé-boulé » (une sorte de culbute combative).
Si une altercation dégénère, il est fortement déconseillé de réprimander les chats, notamment en disant « non! » sur un ton sec et autoritaire ou en aspergeant les chats avec de l’eau. Remarquez que la réprimande est toujours à proscrire, quel que soit le contexte. Toutefois, dans un cas d’altercation, les conséquences pourraient s’avérer particulièrement pernicieuses et le conflit pourrait même s’intensifier.
Privilégiez plutôt de mettre fin à l’altercation le plus rapidement possible en évitant à tout prix de manipuler l’un ou l’autre des chats. En s’interposant entre eux ou en les touchant directement, vous risquez d’être blessé à votre tour. Lancez plutôt un coussin près des chats. Un lancer bien exécuté a généralement pour effet d’interrompre momentanément l’altercation. Dès que le combat cesse, utilisez une couverture pour séparer les chats et guider l’un d’entre eux vers une pièce de confinement.
Notez que cet isolement ne constitue pas une punition. Il s’agit simplement d’une manière de mettre fin au conflit et de laisser la poussière retomber. Confinez le chat qui tolère le mieux l’isolement avec tout ce dont il a besoin : bac de litière, bols d’eau et de nourriture (éloignés le plus possible du bac de litière), couverture, etc.
Contactez-nous ensuite dans les plus brefs délais. Les altercations de cette ampleur doivent faire l’objet d’une consultation avec un professionnel du comportement félin. Il en va de la santé et de la sécurité de vos animaux. En attendant les recommandations d’un intervenant, continuez d’isoler vos chats à titre préventif, d’autant plus que les chats peuvent rester réactifs durant plusieurs heures, voire même des jours après une altercation.
Observer, analyser… et garder son sang froid
Constater une mésentente entre les chats qu’on aime génère bien des émotions chez les humains qui ont à cœur leur bien-être. On voudrait tellement qu’ils vivent en bon compagnonnage! Toutefois, il faut parfois accepter que nos chats se tolèrent, tout au mieux. Et il faut aussi savoir reconnaître quand rien ne va plus. Pour vous aider à faire le point, un intervenant spécialisé pourrait s’avérer nécessaire.
Peu importe le type de relation qui unit nos petits poilus, connaître le langage corporel des chats est un atout formidable pour analyser leur comportement et pour mieux discerner quand il faut intervenir. Si vous avez des doutes ou des questions sur la cohabitation de vos chats, pourquoi ne pas les filmer en pleine action? Avec ces données en mains, nous pourrons vous aiguiller sur les étapes à suivre.
Finalement, il est aussi important de prendre soin de vous-même. Parce que c’est d’abord en gardant son sang froid qu’on vient à bout des petites escarmouches et des grands conflits!
Rédaction par Marie-Ève André
Intervenante en comportement félin, Éduchateur
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